CM du 26/10/09 - Délibération 4-D 005 – DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE – PROJET URBAIN

ZAC de la Presqu’île : approbation du dossier de réalisation et du programme des équipements publics.

Intervention de Gwendoline Delbos-Corfield

C’est évidemment sur l’ensemble des délibérations et sur le projet Presqu’île…

C’est un constat que nous connaissons tous : Grenoble est une ville à l’espace contraint, comme l’agglomération. Parce qu’elle est entourée de montagnes, et déjà bien urbanisée. Deux réalités s’imposent à elle, quelles que soient les ambitions. La population ne peut pas significativement augmenter. Il n’y a pas de terres disponibles à urbaniser. Au contraire, il faut préserver les espaces naturels environnants mais savoir alors, dans ces limites territoriales, imaginer une ville modernisée, agréable à vivre, écologique, à la population brassée, aux activités économiques et locales diversifiées et empêcher la constitution de ghettos de riches comme de pauvres. Pour atteindre les deux objectifs principaux de nos politiques publiques locales, permettre de vivre mieux et permettre de vivre ensemble.

Grenoble et les villes alentour ne peuvent plus étendre leur emprise d’aménagement et il faut élaborer des projets urbains qui s’inscrivent dans des espaces à remodeler ou à réinvestir. Cette superficie, au Nord de la ville, dont il est question est effectivement aujourd’hui un espace à repenser. Un coin de la ville sans âme, isolé par des grands ronds-points et des artères sans vie, pas d’arbres à sacrifier, pas de friches industrielles à réaménager, pas un poumon de la Ville à sauvegarder : une opportunité donc, pour recomposer, en lien avec les autres quartiers de la ville.

Nous avons toujours considéré que la continuité du tramway jusqu’au polygone, la transformation du site scientifique et sa dénucléarisation, le renouvellement urbain de la cité Jean Macé, devaient être l’occasion d’imaginer un quartier pour accueillir du logement social, une mixité de population et faire bouger les lignes du centre-ville et du secteur Berriat-St Bruno, en s’assurant nécessairement de la dépollution du site évidemment.

Beaucoup de Villes post-industrielles rénovées d’Europe et les quartiers des mégalopoles d’Amérique Latine ont compris qu’une recomposition de ville, au XXIème siècle, se co-construisait avec les habitants et ont repensé tous les usages avec les citoyens, dès l’origine de leur projet urbain. C’est une pratique très dommageable, à Grenoble, et qui a lieu presque à chaque fois, de faire une action de concertation-communication avec les habitants, quand la structure du projet est déjà établie, sans possibilité de remise en cause, et qu’un architecte visionnaire a déjà été sollicité, payé pour une étude et engagé dans la perspective des lieux. Quand il s’agit d’interroger le directeur du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), le travail se fait en amont des décisions politiques. Pour les habitants, on concerte après, en modifiant très à la marge, et on proclame validation. Une vieille manière d’agir en matière de politiques publiques qui consiste à croire que les élites sont des habitants éclairés, chargés de savoir à la place des autres ce que la ville de demain doit être.

La méthode de travail obsolète qui a prévalu pour le réaménagement de cet espace n’est pas la seule problématique préoccupante de ce choix de ZAC. Les incertitudes liées au risque nucléaire, évidemment, qui devraient faire l’objet d’une information complète et régulière, sans omettre la question des déchets et les moyens conséquents qui doivent être liés à la dépollution.

La Rocade, nœud du quartier, si l’on peut dire, nœud du projet même à sa conception, Rocade qui passe si près des fenêtres de la cité Jean Macé et qui dénature tout le quartier tant elle est présente, du bout de la rue des Martyrs, en fond de paysage, avec des arrivées de voitures en plein centre de ce qui devrait être un nouveau lieu de vie. La place de la voiture est plus globalement un réel gâchis dans ce projet. Voilà qui aurait été une occasion de réduire la trop grande largeur de la rue des Martyrs. A ce propos, sur les plans du Conseil Général, elle reste même en 2x2 voies cette rue des Martyrs, mais dans les plans liés au tram B, non… Que faut-il donc choisir ? C’aurait été l’occasion de mettre en place des zones piétonnières, de donner, avec une vraie envergure, la priorité aux déplacements doux…

Ce projet de ZAC s’inscrit aussi dans une opération financière plus large, initiée par l’Etat : la sélection de certains campus et le financement de leur embellissement sur des critères d’excellence et en vue du parc de logements privatifs. Le logement étudiant, considéré comme l’un des éléments structurants de ce projet sera uniquement privé. Or, c’est le logement social étudiant qui devrait être une priorité. Quant aux activités universitaires, elles ne sont envisagées que dans une visée scientifique, en contradiction avec ce qui fait la richesse d’un campus comme la vivacité plurielle d’un quartier. Depuis le début, l’opération Campus comme le projet urbain de Presqu’île menée en parallèle sont assis sur un cloisonnement : la recherche scientifique susceptible d’actions économiques –et donc rentables- d’un côté, les autres filières de connaissance à Saint-Martin-d’Hères et une Rocade pour les lier, avec un éventuel projet de piste cyclables en contre-allée. Par ailleurs, le projet ayant été pensé d’abord comme un challenge économique et scientifique, au rayonnement international, et seulement après comme un projet urbain, la primauté des enjeux économiques est manifeste. Il est expliqué en commission qu’il faut bien dissocier le projet scientifique et économique GIANT du projet urbain Presqu’île mais les deux sont intrinsèquement liés et la suprématie de l’un est encore sensible dans le délibéré.

Même dans cette volonté affichée de développement économique, plus poussée que sur les autres aspects, quelle place pour d’autres types d’activités que celles traditionnelles de Polytech et de Minatec ? Les entreprises et les universités scientifiques sont déjà installées ou engagées dans la démarche, les équipements publics sont encore imprévus et surtout non budgétisés.

On espère beaucoup du réaménagement des abords de l’Isère. Mais surtout, comme nous l’avons précédemment dit, quel vrai enjeu de poumon vert ? La possibilité d’un grand parc, dans cet espace, est une opportunité et cela ne peut pas être remplacé par des espaces paysagers qui ont leur importance, sans aucun doute. On nous parle d’un site pilote en matière de développement durable. Dans la continuité de la délibération Facteur 4, on pourrait avoir un point de l’Adjoint au développement durable à propos des objectifs précis de réduction des émissions à effet de serre sur cette ZAC, si il y a une Rocade qui y débouche.

En revanche, c’est positif que certaines préconisations du commissaire-enquêteur aient été suivies, notamment le maintien de la surface maximale des commerces et la diminution de la hauteur (au moins dans le triangle des rues Tarze et Villard de Lans). Mais pourquoi ne pas avoir suivi l’intégralité des préconisations sur la question des tours ?

Cette presqu’île scientifique, c’est un fantasme, comme le bonheur collectif que pourrait provoquer des Jeux Olympiques, comme tous les autres défis démesurés que cette majorité poursuit pour les Grenoblois, en les privant, en attendant, de projets simples mais consistants et de politiques publiques accessibles à tous.
C’est un fantasme, présenté entièrement ficelé, en dehors de tout processus démocratique, au Conseil Municipal de novembre 2007 et à peine modifié depuis.
Un fantasme de ville différente : plus grande, plus brillante, plus haute pour convenir à des désirs d’élites. Un fantasme inadapté à l’époque de crise systémique que nous vivons, sous des airs pourtant d’ultra-modernité. Un fantasme inadapté aux habitants actuels et futurs, bien plus ancrés dans le réel et le désir de vivre mieux, simplement. Un fantasme inadapté à une ville qui n’a nul besoin de voir sa population augmenter, son rayonnement international amplifier, son nom écrit aux côtés de New York et Tokyo comme ville internationale.
Cette ville a sa juste valeur. Sachons l’apprécier comme elle est, la faire évoluer dans un sens cohérent, lui donner une taille et des enjeux en rapport avec son environnement et son histoire.

Par ailleurs, nous avions demandé un certain nombre de documents préalables, que vous avez refusé de nous communiquer, nous ne pouvons ce soir voter en connaissance de cause, notamment les compte-rendu des comités de pilotage.

Délibérations adoptées. Votes :

- sur l’approbation du dossier de clôture de l’opération d’aménagement Minatec :

-  6 Contre (Verts, Ades, Alternatifs)

-  53 Pour (PS / UMP/ MoDem / PC / Go)

- sur l’approbation du dossier de clôture de l’opération d’aménagement Polytech :

-  6 Contre (Verts, Ades, Alternatifs)

-  53 Pour (PS / UMP / MoDem / PC / Go)

- sur l’approbation de la révision simplifiée du Plan Local d’Urbanisme :

-  6 Abstention (Verts, Ades, Alternatifs)

-  9 Contre (UMP)

-  44 Pour (PS / MoDem / PC / Go)

- sur la désignation de la SEML InnoVia-Grenoble durablement comme aménageur :

-  15 Contre (Verts, Ades, Alternatifs / UMP)

-  3 Ne Prennent Pas Part au Vote (M. Bachir-Cherif, J. Chiron, C. Crifo)

-  41 Pour (PS / MoDem / PC / Go)

- sur l’approbation de la convention foncière :

-  6 Abstention (Verts, Ades, Alternatifs)

-  1 Ne Prend Pas Part au Vote (S. Siebert)

-  52 Pour (PS / UMP / MoDem / PC / Go)

- sur l’institution du droit de préemption urbain renforcé :

-  15 Contre (Verts, Ades, Alternatifs / UMP)

-  44 Pour (PS / MoDem / PC / Go)




Groupe Écologie & Solidarité
EluEs EELV, ADES, Alternatifs de la Ville de Grenoble

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