CM du 29/03/10

Débattons de la Rocade Nord !

Question orale présentée par Olivier Bertrand au nom du groupe "Écologie et Solidarité"

Monsieur le Maire, effectivement une troisième question…

L’avis défavorable de la commission d’enquête sur le projet de rocade Nord est un événement majeur.

Il faut d’abord noter que les avis défavorables et adoptés à l’unanimité sur des projets aussi importants sont extrêmement rares, moins de 3% en France. Cela montre ce que les écologistes ne cessent de dire depuis des années : ce projet de rocade Nord était une aberration. Aberration financière, aberration technique, aberration écologique.

La lecture du rapport des commissaires enquêteurs est particulièrement instructive. Les conclusions en 12 pages forment un véritable réquisitoire contre le projet et contre la manière dont il a été mené.


Nous incitons tous les élus à lire ces conclusions, si vous ne l’avez pas encore fait. Nous les avons distribuées, elles sont devant vous. Elles sont un résumé de tout ce que nous dénonçons depuis 2006.

Il apparaît maintenant clairement que les études menées étaient manipulées. Un seul exemple : d’après la commission, les études sur la pollution de l’air et les risques sur la santé ont volontairement ignoré les lieux les plus impactés et les plus fréquentés comme le CHU et la Presqu’île.

Monsieur le Maire, vous avez participé à une entreprise de désinformation particulièrement grave :

- le logo de la Ville a été apposé sur des documents de propagande distribués dans les boites de tous les Grenoblois à 3 reprises ;

- vous avez cautionné la consultation bidon de l’année 2007, consultation évidemment dénoncée par la commission d’enquête ;

- alors que toutes les autres communes se sont exprimées, vous avez refusé que notre conseil municipal puisse s’exprimer dans le cadre de l’enquête publique ;

- plus grave encore, sans en référer à votre Conseil Municipal, vous avez pris l’initiative d’engager notre Ville en adressant un avis personnel à la commission d’enquête.

Aujourd’hui, quelques jours après la publication de l’avis de la commission d’enquête, nous constatons que vos proches s’enferment dans une logique revancharde de mauvais perdants. A lire la presse, on a l’impression que ce coup porté à la rocade Nord va nous ramener à l’âge de pierre. Quand ces propos viennent de la droite, ils ne nous étonnent pas. Mais des élus socialistes n’hésitent pas non plus à prédire les pires catastrophes pour notre ville : la ligne E serait menacée, le plan campus ou les futur quartiers de l’esplanade et de la presqu’île abandonnés.

Pour notre part, nous voulons affirmer avec force que non seulement notre ville pourra se développer sans rocade mais qu’évidemment la fin de ce projet serait une chance d’avancer enfin vers des solutions innovantes, à l’image de ce qui se fait ailleurs et notamment dans de nombreuses villes du nord de l’Europe.

Il est aujourd’hui urgent d’étudier d’autres solutions qui permettront de réellement fluidifier le trafic dans l’agglomération et surtout de garantir le droit à la mobilité pour tous.

Vouloir relancer un nouveau projet de rocade comme le demande l’UMP serait absurde : en 20 ans, sous différentes majorités, cinq projets ont déjà été étudiés. Malgré les dizaines de millions d’euros dépensées, tous ont échoués.

Monsieur la Maire, André Vallini a demandé à vous rencontrer rapidement pour connaître l’avis de notre Ville sur ce dossier. Il est donc urgent d’en débattre collectivement. Nous avons donc déposé un vœu afin d’en débattre et d’exprimer une position.

Je vous remercie.

Réponse du Maire

Bien, c’est pour moi donc l’opportunité d’intervenir sur ce dossier important, important et complexe, des déplacements dans notre ville et notre agglomération, suite à la publication du rapport de la commission d’enquête sur la Rocade Nord, et je le fais au nom de l’ensemble de la majorité municipale.

C’est d’abord pour moi l’occasion de rappeler que le dossier de la Rocade Nord ne relève pas de la maîtrise d’ouvrage de la Ville de Grenoble mais bien de celle du Conseil Général de l’Isère.

Ensuite, que pour moi, les décisions sur ce dossier ne peuvent être que collectives et communes à l’ensemble des parties concernées : Conseil Général, Métro, SMTC et communes -et donc en premier lieu, dans notre agglomération, la Ville de Grenoble.

Enfin, que ce dossier est complexe et que la commission d’enquête ne règle pas pour autant les difficultés en ne proposant, à ce stade, aucune solution alternative, ce qui n’est d’ailleurs pas de sa responsabilité.

Comme l’a fait le Président du Conseil Général, je prends acte de ce rapport dont les conclusions s’imposent à tous. Le projet de Rocade Nord, tel qu’il avait été présenté par le Conseil Général de l’Isère, n’est donc plus d’actualité. Je partage, sur ce point, la position du président du Conseil Général, dont j’ai également noté qu’il organiserait d’ici l’été une séance publique du département pour arrêter sa position sur les conséquences de cette décision.

Ainsi que le dit le rapport de la commission d’enquête, il y a toujours « nécessité et urgence à apporter une solution aux problèmes de circulation sur l’agglomération grenobloise ». Nous devons donc nous pencher sur les solutions à mettre en œuvre, face à ces difficultés, des solutions et non pas une seule solution. Jamais en effet, je n’ai présenté le projet de Rocade Nord comme l’alpha et l’oméga à même de résoudre toutes nos difficultés mais comme un élément, un outil – comme le rappelait le président Marc Baïetto lors du dernier Conseil de la Métro, un élément d’un plan d’action global. Un plan d’action qui fait depuis 1995 du développement des transports collectifs et des modes doux une priorité absolue et qui prévoit aussi d’agir sur les plans de circulation pour limiter les bouchons, pour soutenir l’activité économique, pour faciliter les conditions de circulation de tous ceux qui n’ont d’autre choix que de se déplacer en véhicule personnel et enfin pour dévier les circulations des 70 000 véhicules qui transitent chaque jour dans notre ville. Un plan d’action qui intervient conjointement dans le champ des déplacements et dans celui de l’urbanisme en veillant à ce que les transports en commun desservent logements et équipements publics à forte fréquentation. Un plan d’action qui s’inscrit dans la démarche globale de développement durable, conciliant la protection de l’environnement par la baisse des émissions de Gaz à Effet de Serre et la baisse de la pollution, conciliée avec la cohésion sociale par une meilleure prise en charge collective du déplacement des personnes ne possédant pas de voiture individuelle et par une meilleure liaison notamment entre les quartiers de notre ville et dans les autres communes de notre agglomération, ainsi conciliée avec le nécessaire développement économique qui puisse assurer un emploi à tous en rendant notre agglomération attractive, en évitant des heures perdues dans les embouteillages.

J’entends à ce sujet les inquiétudes de tous ceux qui redoutent l’abandon de la Rocade Nord pour leurs activités économiques. Mais il ne faudrait pas conclure mécaniquement à la perte d’attractivité de notre bassin d’emploi et encore moins se répandre en annonçant un désastre à venir.

Plus qu’aux polémiques stériles où nous pourrions longuement rappeler les atermoiements de l’Etat sur la maîtrise d’ouvrage de la Rocade, ou sur les explications de tous ceux qui considéraient comme une erreur de réaliser la 3ème ligne de tramway avant la Rocade, il est de notre responsabilité d’élus d’élaborer des propositions permettant de remédier aux difficultés actuelles. C’est ce travail collectif qui doit se poursuivre dans le cadre de l’élaboration du Plan de Déplacements Urbains (PDU) actuellement en cours. Contrairement à ce que Messieurs Sans Nicolas et Chamussy indiquent, nous ne sommes pas, à cet égard, sans projet ou sans perspective. La réalisation du tram E, l’extension des lignes B sur la Presqu’île, A vers Sassenage, les projets de ligne en direction de Pont de Claix ou de Meylan, la réduction de notre enclavement ferroviaire par la poursuite des travaux d’amélioration de la desserte ferrée de Grenoble, le réaménagement de la gare, le développement du réseau Trans’Isère, l’élargissement de l’A 480, le déclassement de l’A 48 constituent autant de pistes de travail, de réalisations à venir qui participent directement de notre politique de déplacements.

L’aire urbaine grenobloise, enserrée dans un environnement de montagnes, crée des conditions spécifiques à notre territoire dans ces politiques de déplacements ou d’aménagement urbain. L’enclavement de Grenoble nous oblige à être plus imaginatifs, plus innovants que dans beaucoup d’autres agglomérations. C’est pour cela que nos propositions sont généralement plus complexes, en raison même de la spécificité de la situation qui explique d’ailleurs la difficulté, depuis près de 40 ans, à résoudre le problème du contournement de Grenoble, comme l’ont fait la plupart des agglomérations européennes.

Je veux donc affirmer avec force que nous ne renonçons évidemment pas à poursuivre la mise en œuvre de notre politique de déplacements et de développement des transports en commun, pas plus que nous ne renonçons à nos projets d’aménagement urbain, ni sur les quartiers en renouvellement urbain (relevant de la politique de la ville), ni sur la Presqu’île, ni sur l’Esplanade, ni sur les Quais, ni sur le centre ville. Il ne suffit pas de déclarer que ces projets seraient inconcevables pour que cela soit vrai. Ces projets sont utiles pour les Grenoblois, ces projets seront peut-être modifiés, adaptés pour tenir compte de la situation nouvelle. Mais ils seront mis en œuvre. Telle sera également le cas des projets de ponts qui manquent incontestablement pour rejoindre les deux rives de l’Isère, de l’aménagement du cours Jean Jaurès en 2x1 voix, du franchissement de la voie ferrée pour faire se rejoindre la rue Emile Gueymard et l’avenue des Martyrs. L’ensemble de ces projets sera évidemment débattu au sein de notre Conseil et avec les Grenoblois. Au sein de notre Conseil d’abord, je maintiens à cet égard, comme je l’indiquais en novembre dernier, qu’il était plus juste, au sens juridique du terme, et plus logique de débattre de ce dossier après que la commission d’enquête ait remis son rapport. Je veux à ce titre préciser à Monsieur Hakim Sabri que les réserves que j’ai transmises à la commission d’enquête étaient parfaitement connues de tous. Il s’agissait du texte précis de mon intervention, faite au nom de la majorité municipale, au Conseil Municipal de novembre dernier en réponse aux questions d’Olivier Bertrand et d’Abde Djellal. Je le tiens une nouvelle fois à votre disposition.

Aujourd’hui donc, je vous propose de tenir prochainement une réunion de l’ensemble des conseillers municipaux sur ce sujet des déplacements, permettant à chacun d’entre nous de faire des propositions concrètes et aux services de la Ville de nous apporter des éléments d’information sur l’évolution à apporter à nos projets et à notre plan de circulation en l’absence de Rocade.

L’élaboration d’un nouveau PDU est en cours. Ce sera aussi l’occasion de débattre avec les Grenoblois et les habitants de toute l’agglomération de ces questions. Cette démarche sera en effet publique et je ne doute pas qu’il pourra être organisé plusieurs rencontres entre collectivités et associations, tel qu’évoqué par M. Bertrand dans le vœu qu’il a déposé.

Un dernier mot. Je veux indiquer à Messieurs de Sans Nicolas et Chamussy que l’on ne se grandit jamais par des propos excessifs voire agressifs. En politique comme en toute chose, il faut savoir garder une certaine mesure et une certaine modestie. A défaut, ce sont souvent les électeurs qui vous rappellent à cette obligation.

Je vous remercie de votre attention.




Groupe Écologie & Solidarité
EluEs EELV, ADES, Alternatifs de la Ville de Grenoble

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