Conseil Municipal du 23 mars 2009

Regard critique d’un élu écologiste

par Olivier Bertrand

Plus que mauvais perdant…

Quelques jours après l’échec de la candidature de Grenoble aux JO, nous nous attendions à quelques réactions de mauvaise humeur dans la majorité municipale. Mais ce que nous avons vécu dépasse l’imaginable.
Le Maire, pour expliquer l’échec, a parlé de « Victoire volée » avant de rentrer dans une explication confuse sur le changement d’attitude de dernière minute des membres du CNOSF. Il y aurait donc un complot contre Grenoble ? Mais qui en serait à l’origine et pourquoi ? Évidemment pas de réponse.
Plus grave, M. Destot a osé dire : «  On peut être en désaccord, mais on n’a pas le droit de jouer contre sa ville, ce n’est ni digne ni respectueux de la démocratie ».
Cette rhétorique qui consiste à assimiler sa politique à « sa ville » et donc au bien commun sans qu’elle puisse être critiquée est le propre du totalitarisme. Gwendoline Delbos-Corfield qui est intervenue pour notre groupe a donc mis en garde le Maire sur des propos « dangereux » en se demandant : «  comment a t’on pu en arriver là ? ». Il y a effectivement une nouvelle dérive dans les propos du Maire, plus grave que les précédentes. Ce n’est plus ici l’orientation politique qui est en jeu mais le fondement même des règles du jeu dans une démocratie locale.

Intervention M. Destot sur l’échec de la candidature de Grenoble aux JO de 2018.

Pour ne pas retenir trop longtemps le président de la CCI ainsi que David Smétanine, que je remercie tous les deux de leur présence, nous abordons tout de suite si j’ose dire le "point 0" de notre ordre du jour (…). Après vous avoir remercié, les uns et les autres (…) des multiples messages que j’ai pu recevoir, et avant que ne s’exprime S. Siebert, l’adjoint au développement durable et aux JO (…), qui a donné tous ses forces sur ce dossier, je voudrai en quelques mots rapides vous dire mon état d’esprit ce soir. Comment, et d’ailleurs pourquoi, vous cacher ma déception. Une déception qui est largement partagée, elle résulte de l’effort collectif déployé depuis 3 ans pour cette aventure olympique et à la mesure de l’espoir qui été suscité et partagé dans notre ville, sur un territoire allant de l’Agglo au département de l’Isère et aux stations du Dauphiné. Avec une mobilisation que je qualifierai de sans précédent dans l’histoire de Grenoble et de l’Isère. Jugez à travers ces quelques chiffres qui parlent d’eux même : 70 000 soutiens individuels, 1 200 entreprises, 150 champions sportifs, avec l’élaboration d’un projet de territoire jamais vu non plus en terme de logement, de desserte ferroviaire, de liaisons douces alternatives à la voiture individuelle et thermique, en terme d’aménagement du territoire non seulement urbain mais également de montagne, avec une remise à niveau de nos stations, propice à l’attractivité, au tourisme et au développement économique.

Mes premiers mots seront donc de gratitude et de reconnaissance envers tous ceux qui ont permis cette mobilisation et l’élaboration de ce projet. Je salue en premier lieu S. Siebert et D. Chenevier, on leur doit beaucoup sinon tout. Je voudrais remercier aussi la mobilisation extraordinaire des sportifs. Je ne peux citer tout le monde, mais vous comprendrez que je veuille citer F. Masnada, l’enfant de Chamrousse, D. Smétanine ici, un ami, champion olympique, à Pékin, Jeannie Longo. Remerciement au monde économique (…) et à l’ensemble de collectivités territoriales, les stations enfin, avec le maire de Chamrousse.

Evidemment, on se pose tous la question, ce soir, quelques jours après le verdict : pourquoi cet échec ? Tout n’a pas été parfait : notre ville, notre territoire ne sont pas sans failles. Le Maire et son équipe n’ont pas que des qualités, mais on peut dire de même de toutes les autre villes candidates, si vous me permettez de relativiser les choses. On évoque, ici ou là, l’opposition aux JO, même faible, elle était peut être plus brillant qu’ailleurs. Je voudrais vous dire, avec mes mots à moi ce soir, ma colère intérieure, quand on joue contre Grenoble. On peut être en désaccord sur tel ou tel dossier, tel ou tel projet, telle ou telle idée, j’ai le sentiment qu’on a pas le droit de jouer contre sa ville, ce n’est ni digne, ni respectable de la population, donc des principes républicains et démocratiques. Sur le lobbying, je peux vous dire qu’il a été actif et respectueux des personnes et des institutions. Question d’éthique. Jamais, jamais la ligne jaune des promesses non tenables, ni des intéressements et des contrats n’a été franchie. Y a-t-il ici quelqu’un pour me le rapprocher ? On évoque aussi la stratégie du CNOSF, oui, c’est vrai, il est sorti amère de l’échec de Singapour, de l’échec de la candidature de Paris pour les JO 2012. Les même pensent que l’affront subi doit être lavé par une candidature aux JO d’été, et je veux rappeler ici que le Conseil d’Administration du CNOSF est formé quasi exclusivement de présidents de disciplines de jeux d’été. Candidature aux JO d’été contrariée par le refus de la ville de Paris de se réengager dans une nouvelle aventure. Oui, le CIO, a rappelé la France à l’esprit olympique, c’est à dire d’être candidat, même si l’on est pas assuré d’un succès. D’où la décision, disons un peu forcée, en septembre dernier, pour le CA du CNOSF d’ouvrir les candidatures pour les JO d’hiver de 2018. Oui, je l’affirme, la candidature de Grenoble semblait la plus sérieuse pour 2018, et surtout, semble-t’il, pour 2022, compte tenu de l’alternance des continents et de la troisième candidature consécutive de la ville coréenne de Peyong Chang, pour 2018. Candidature sérieuse pour 2022, contrariant donc une candidature potentielle en 2024, pour des jeux d’été, avec Paris, ou d’autre… Nice, semble t-il, si j’ai bien lu la presse de ces derniers jours.
Je veux dire que malgré tout cela, et au bout du bout, je crois préférable de parler, si vous me le permettez, de victoire volée. Trois éléments pour appuyer mon assertion :
- Le pointage, le week-end précédent le vote, les estimations partagées par tous, mettaient Grenoble en tête avec un score proche de la majorité absolue. Comment expliquer, en deux jours, que tout se soit effondré et inversé.
- En terme d’évaluation, la commission d’évaluation, formée de 12 membres du CNOSF, ont placé Grenoble en tête. Finalement, comme vous le savez, seulement 9 membres du CNOSF ont voté pour nous. Contrairement à toutes les procédures et pratiques du CIO et du CNOSF, le rapport d’évaluation a été rendu public provoquant les polémiques que l’on sait. Contrairement à toutes les pratiques et procédures du CIO et du CNOSF, les demandes de correction à la hausse émanant des autres villes candidates ont été réintégrées le matin même du vote, en contradiction avec les instructions formelles qui nous avaient été données. Le tout conduisant à vider de toute substance le rapport d’évaluation et ses conclusions.
- Enfin les votes blancs, certains ont imaginé, dont moi, qu’il s’agissait de test, de réglage des plots électroniques. Il s’agissait en fait de votes réels, mais jugés trop dispersés et ne permettant pas de dégager une majorité dès le premier tour. Alors que, vous le savez, la règle est la même au CIO et au CNOSF, consistait à procéder à plusieurs tours en éliminant au fur et à mesure le dernier plus mal voté. Pourquoi tout cela, sinon, à mes yeux, pour voler une victoire annoncée, contrariée dans les tous derniers jours, dernières heures avec des méthodes qui ne relèvent pas simplement de la politique, malheureusement si je puis dire.

Et maintenant, je ne veux pas ajouter du dépit à la déception. Annecy représente désormais la France, dans cette difficile aventure pour 2018, je soutiens mon pays, donc Annecy. Quant à Grenoble et l’Isère, fort du rassemblement exceptionnel qui a été fait, fort d’un projet de territoire de grande facture, dont les grandes lignes restent bonnes, utiles et mobilisatrices, nous avons ensemble décidé de rebondir. D’abord en réunissant sans tarder, le 3 avril prochain, un comité de pilotage avec tous les acteurs engagés jusque là pour redéfinir notre projet de territoire dans l’espace et dans le temps. Ensuite, en réfléchissant à ce qui pourrait être un grand événement populaire, annuel, autour de la ville et de la montagne, qui pourrait mêler les dimensions sportives, culturelles et éducatives, et maintenant la mobilisation de tous autour de l’identité alpine de Grenoble et de l’Isère. Permettez moi de conclure en vous parlant, à titre peut être un peu plus personnel : je veux vous exprimer ce soir en même temps et mon émotion et ma détermination, en pensant à Grenoble à l’avenir, vous savez, pour ce mercredi 18 mars dernier, avec d’autres très nombreux, j’ai tout donné, pour Grenoble, pour la montagne que j’aime passionnément. Cette énergie, cet enthousiasme, cette espérance, autour de valeurs comme celles de la jeunesse, du sport, de la culture, de l’ouverture aux autres, au monde, reste intacte. Nous avons encore devant nous, encore et toujours, de vrais et beaux projets à entreprendre ensemble. Chers collègues, chers amis, pour hier et pour demain, je veux vous dire de tout cœur, un grand merci.


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