Conseil de la Métro du 31 mai 2013

Regard critique d’une élue écologiste

par Maryvonne Boileau

Le 31 mai dernier, s’est tenu le conseil de Métro. Il est frappant de constater le décalage entre ce conseil et la société. Du point de vue de la mixité d’abord, cette assemblée est composée essentiellement d’hommes et indique que la démocratie française a besoin d’un sérieux coup de rajeunissement et de parité. Mais ce ne sera pas encore pour tout de suite. Peut-être y aura-t-il quelques femmes de plus en 2014 grâce aux villes, car il est à craindre que les fonctions de maire soient encore trustées par des hommes dans les petites communes qui vont rejoindre l’agglomération.

Du point de vue de l’implication ensuite. La Métro est une collectivité dont les compétences s’élargissent et vont encore s’élargir. Elle a donc une action directe vers les citoyens, et pourtant, ses conseils donnent toujours la même impression d’un espace feutré, où les décisions se prennent sans grand débat. Comme si les enjeux qui traversent notre société s’arrêtaient aux portes de l’assemblée. Comme si les représentants des communes qui y siègent avaient plus à cœur de défendre les intérêts de leur territoire plutôt qu’un intérêt général à l’échelle de l’agglomération, pourtant échelle aujourd’hui la plus pertinente au regard de l’évolution de nos modes de vie.

Nous essayons pourtant de vous proposer un compte-rendu de quelques points parmi les plus importants :

- les polarités Sud et Nord Ouest. Les "polarités" sont des réflexions sur les aménagements de zones dans différentes communes autour de la ville de Grenoble, avec pour ambition de structurer l’agglomération dans son ensemble autour de plusieurs "pôles". Les aménagements projetés sont divers, mais relèvent des infrastructures de transports, des équipement publics, du logement.
Sur ces polarités, tout le monde est d’accord pour dire que tout est formidable. La polarité "Sud" prend quelque retard, alors que la Polarité "Nord Ouest" (entre la Presqu’île de Grenoble, Fontaine, St Martin le Vinoux et St Egrève) avance à grand pas. Une différence de rythme qui s’explique peut être par le fait que dans le deuxième cas, la polarité surfe sur la mise en valeur des nouvelles technologies et des constructions neuves de bâtiments universitaires. De l’autre coté, les universités et les bâtiments sont déjà là, et il est toujours plus compliqué et coûteux d’agir sur de l’ancien. Il y a pourtant sur ces bâtiments anciens des enjeux forts en terme de qualité de vie et de performances énergétiques !
Nous nous abstenons sur ces délibérations tant les montages présentés sont compliqués à souhait et ne se risquent pas à explorer des voies nouvelles, alternatives, au développement de la ville.

- le Plan Air Climat : encore une compétence qui intéresse directement les habitants ! La réduction de la pollution atmosphérique est un enjeu de santé publique. Et pourtant, le vice président chargé de la question a bien du mérite pour présenter la mise en œuvre d’un « défi des écoles à énergie positive ». Il observe un peu désabusé que tout cela n’intéresse pas grand monde. En effet, l’attention n’est pas des plus soutenues, et nous avons pu observer que les élu-es de la Métro, toutes communes confondues, ont brillé par leur absence lors du débat national de la transition énergétique, qui s’est tenu à Grenoble le lundi 27 mai 2013.

- le Compte administratif 2012, présente la "santé financière" de la Métro. Et la santé est plutôt bonne. Nous observons de bonnes surprises par rapport aux prévisions du budget primitif. Les recettes de fonctionnement progressent légèrement grâce principale à la fiscalité locale sur les entreprises et les ménages. La collecte et le traitement des déchets présentent aussi un excédent supérieur aux prévisions. Inversement, mais c’était prévu, certaines recettes diminuent notamment sur les politiques de l’habitat.
Mais cette bonne situation risque de ne pas durer, en raison de l’accélération du désengagement de l’Etat qui risque de s’amplifier. Ce que la droite ne manque pas de souligner, en oubliant et nous lui rappelons, que cet état de fait est principalement du à la situation financière laissée par les gouvernements précédents depuis 2002.
Les dépenses de fonctionnement évoluent de 2,2% par rapport à 2011. Les autres dépenses (hors contributions syndicales et masse salariales) diminuent par rapport au budget primitif, principalement sur l’environnement, le développement durable et les déchets.
A propos de la dette, des efforts pour la sécuriser sont faits mais à quel prix ? Les frais de sécurisation des emprunts toxiques s’élèvent progressivement pour bientôt atteindre les montants des intérêts de tout le reste des emprunts. La dette sécurisée ne représente qu’à peine 60 % du total. Il serait préférable d’aller vers ce type d’emprunts. A notre demande, le VP chargé des finances informe l’assemblée qu’une plainte a été déposée contre le consortium bancaire DEXIA, auprès duquel la Métro s’était imprudemment adressée avec pour conséquences ces emprunts toxiques qui coûtent chers aux contribuables.
Pour l’anecdote : le maire de Fontaine, ne comprend pas que des voix veuillent se faire entendre pour débattre de ce budget ! Pour lui, ce que fait la Métro est bel et bon et on arrête le débat sur ces questions, qui s’apparente à une perte de temps. Pour lui, pas besoin d’exprimer son opinion, ses inquiétudes, ses différences, ses analyses. Pour lui, pas besoin de démocratie et de participation ?

- le Plan Local pour l’Habitat : encore un dispositif qui intéresse directement les habitants. Les objectifs pour les constructions neuves seront presque atteints, même s’il y a eu un ralentissement ces 2 dernières années, toutes constructions confondues (accessions, logement locatif privé et social). Malgré des opérations ambitieuses de la Métro pour aider la rénovation de l’ancien, telle que « Mur Mur », le compte n’y est pas du tout. Pourtant c’est à ce niveau qu’il va falloir agir. Pour diverses raisons : allons nous devoir continuer de construire du neuf, alors que de l’existant ancien ne trouve pas preneur ni à l’achat, ni à la location pour différentes raisons, mais dont la principale est le coût encore très élevé pour une qualité très moyenne et principalement des performances énergétiques souvent catastrophiques. Continuer de construire en utilisant les espaces libres, sans faire un temps de pause pour aller vers une rénovation d’envergure, est tout simplement pénaliser durablement la ville, tant sur sa capacité de s’embellir que de supprimer des espaces non construits pour des jardins, des parcs ou autres lieux de détente.

- les fonds Européens : en raison de la loi de décentralisation, la Région va donc prendre la compétence de la gestion de ces fonds. Ce qui a permis à la Maire de Meylan de faire un grand discours sur l’absolue nécessité de la Métro de se manifester rapidement et ainsi pouvoir bénéficier de cette manne importante. Cependant, la présentation des dispositifs s’est limitée aux seuls fonds FEDER. Un peu plus d’ambition politique aurait amené à un discours plus global sur la possibilité de faire un peu de politique d’envergure avec les fonds européens qui seront en capacité d’apporter une aide au développement de circuits courts sur le territoire de la Métro, pour une agriculture qui puisse perdurer dans l’agglomération.




Groupe Écologie & Solidarité
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